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Le RIF 2024, vu par Camille (équipe 17)

Le Raid In France (RIF) avait lieu cette année du 29 juin au 06 juillet 2024 : une sacrée bambée entre 400 et 600 km à travers la Corrèze sauvage et authentique. L’équipe 17 était la seule équipe entièrement composée d’Absolu : Camille, Sophie, Romain et Ludo.

Dans l’équipe 21, il y avait aussi Yannick Perrin, membre remarqué d’Absolu autant pour ses nombreux podiums que pour ses faits mythiques de course (courir un trek de plus de 40 km avec deux chaussures gauches par exemple). Il nous a de nouveau nourri d’une nouvelle anecdote : oublier ses deux roues en dehors de la caisse VTT lors d’une transition. Un oubli qui leur a valu 3h de pénalité, ce qui ne les a pas empêchés de se classer deuxième de ce RIF mémorable avec des conditions et un parcours exigeants.

Mais retour vers notre équipe 17, Camille vous livre son récit de ce RIF… Et on peut dire qu’ils ont eu leur lot de galère ! Bonne lecture !

Au briefing on comprend que l’orga espère voir quelques bateaux gonflés sur la ligne de départ.
On a le droit de courir le prologue dans l’ordre que l’on veut et en laissant nos affaires n’importe où. Et le directeur de course dit aussi qu’il y a une zone d’embarquement pour la section 1 au niveau de la balise 9 “Chez Fanny”.
On rentre au camping qui est en bord de Vézère, et là littéralement sur notre chemin on traverse un terrain de pétanque et sa bicoque “La Fanny Bugeatoise”.

Bon alors on regarde un peu à quoi ressemble la Vézère à cet endroit, est-ce qu’il y a de l’eau ? Oui. Est-ce qu’il y a un chemin qui ne soit pas une départementale qui permet de prendre le même chemin ? Non. Décision est prise de gonfler les bateaux avant le prologue. Bonne nuit !

On est très impressionnés et très heureux d’être sur cette ligne de départ. Soutien moral de Chiara et Jo (et Olivia !) pour quelques photos mais à peine le temps de réaliser que c’est parti.

Une belle carte IOF pour commencer avec des balises faciles. Dur de ne pas s’exciter mais dès qu’on doit quitter la zone du centre ville avec nos sacs et bateaux ça se calme bien. On commence à comprendre tout le poids qu’on va avoir sur les épaules pendant les 6 jours qui arrivent.

Arrivée sur la zone d’embarquement on enfile les combinaisons qui sont obligatoirement portées dès que l’orga a décidé que “c’est de l’eau vive”. On trouve ça un peu abusé de ne pas laisser le choix aux équipes quand on voit le degré de liberté qu’on a par ailleurs… M’enfin c’est parti une première rivière qui nous amène dans le lac de Viam pour K1 et K2 où on débarque. La balise 3, celle qui me traumatise depuis Sud Raid 2023 est à la cascade du saut de la Virole, je la connais elle était sur The RACE et ma mémoire me dit qu’il faut remballer les bateaux jusqu’au lac suivant ; cette partie de la Vézère me paraissant compliquée à naviguer. On traverse la forêt et on arrive sans problème à K3.

On chantonne alors qu'”il ne ne peut plus rien nous arriver d’affreux maintenant”. C’est mal nous connaître…

A la sortie de la forêt on se complique un peu la vie pour trouver K4 alors qu’il fallait bien exploiter toute la portion de route autorisée. Et on réembarque à CP1 pour la traversée du lac des Bariousses. Petit coucou à Jo et Olivia au passage. Dans le lac on aperçoit au loin un bonnet de bain. “Haha y’a des malades en Corrèze !”. Quelques coups de rame pour comprendre que c’est Chiara qui nage avec sa GoPro.

C’est parti pour un VTT de 40km. K5, K6 se passent bien mais je commence à comprendre que les cartes 1/50000 ne sont pas seulement difficiles à lire, elles sont aussi complètement fausses. Enfin j’exagère un peu, mais ce qui est représenté en pistes noires est complètement faux. Soit ça n’existe pas sur le terrain, soit il y a plein d’autres pistes similaires sur le terrain. On galère un peu sur K7 qui est une balise typique “bord d’une piste dont l’entrée est absolument introuvable par d’où vous venez mais tout s’éclaire quand on en sort”. On en profite pour chanter une petite chanson, normal, c’est la “K7” ; des équipes avec nous décident que ce genre de jeu de mots n’a pas sa place en raid et nous faussent compagnie. Il faut que je force mes yeux à regarder ruisseaux et topographie plutôt que ces satanés pistes noires sur la carte, c’est pas naturel pour moi en VTT. La deuxième moitié de la section se passe mieux et on rejoint le château de Nedde pour l’AT2

Profitons de ce trek sans packraft pour voyager léger ! A pied avant la tombée de la nuit c’est beaucoup plus facile d’orienter et on enchaine bien les K11, K12, K13 et K14. Et là premier drame : un gros bartassage inutile pour rejoindre l’AT3. En fait il faut autant se concentrer en sortie de balise qu’en attaque de balise.

Chic chic on va faire du bateau en pleine nuit noire dans un lac géant avec du brouillard, du vent et de la pluie ! Un premier embarquement laborieux puis on enchaine bien B1, B2, B3 et B4. Et là deuxième drame, j’accoste dans la mauvaise baie.

Grossière erreur, et pour bien faire je pars tout seul à l’abordage de la balise que je croyais sur la rive. Forcément c’est pas la bonne rive, 1h++ de bartassage pour rien. Les copains me récupèrent le moral dans les chaussettes (mouillées). Bon allez faut se remotiver et on finit la section au petit matin.

Au départ de la section 5,  3° drame (c’est l’avant dernier de la course vous allez voir entre les 2 ça se passe pas mal). Ludo retrouve son dérailleur en totale charpie. Vélo XL dans caisse XS… Pour moi c’est le ciel qui me tombe sur la tête et je me vois déjà finir à 3 ou rentrer en voiture, je pleure dans ma tête mais j’essaye de faire bonne figure. On bricole un truc, ça marche pas, on avance un peu pour trouver un camping en rêvant à un loueur de vélos. La dame du camping nous dit qu’il y a un loueur au nord du lac. Je trouve ça tellement peu fiable mais les copains veulent tenter alors c’est parti pour un demi-tour gratos. On trouve le loueur qui n’a que des Nakamura bas de gamme, il appelle son mécano qui dit qu’il a un dérailleur 12 vitesses en stock, il sera là dans une heure. Wow merci les copains d’y avoir cru, les miracles existent. On en profite pour se faire un petit-déj en attendant le mécano et on reçoit la visite d’un journaliste.

13h30 au lieu de 09h30 mais on part pour de vrai pour cette section 5 de 90 km. Cette fois l’orientation est plus facile, et j’ai compris quelques trucs ça avance bien. K15, K16, K17, deuxième carte, K18, K19, K20, troisième carte, nuit qui tombe ; une petite traversée de rivière car certaines équipes risquaient d’avoir les pieds secs à ce moment de la course, K21. Et un dernier droit dans le pentu à pousser les vélos pour arriver sur AT5.

On dort 1h30.

On repart juste avant le lever du jour du lundi matin pour pointer la KK22 (c’est pas une faute de frappe, c’est un jeu de mots de raider) avant d’embarquer dans le Chavanon aux premières lueurs du jour. Une bien belle navigation jusqu’au CP3 avant d’attaquer les parties sur la Dordogne. On attache les 2 bateaux et c’est parti pour ce qui deviendra notre fil rouge du raid : 1, 2 ou 3 qui pagayent, et 1, 2 ou 3 qui (s’en)dorment. Les bateaux autovideurs dans les parties plates sont lents. C’est soporifique à souhait. On arrive quand même à AT6 où on nous a promis burgers à volonté ! En plus il y a du Soleil, on est pas à la ramasse par rapport aux barrières horaires, le moral est revenu au beau fixe !

Une sortie d’AT bien casse tête mais on enchaine bien les balises K23, K24, K25, CP4 avec la descente en rappel des orgues de Bort les Orgues, puis K26 et on retrouve AT 7 pour la section “qui fait peur”.

C’est parti pour la section qui fait peur, un packraft/trek + canyon de 68km qu’on a estimé à 24h. Une petite marche pour trouver l’embarquement puis une première navigation soporifique sur la Dordogne. A la question “la Dordogne est-elle une rivière ou un fleuve ?” nous avons tranché. C’est un lac. K28 : il faut débarquer il est interdit de naviguer en aval de K28. Mais heu… y’a pas de plage. En fait on débarque droit dans le pentu d’un pierrier pas stable. Avec 3 équipes en même temps. Les allemands cassent une pagaie, bah oui c’est pas un bâton. On arrive en haut tant bien que mal.

Il faut qu’on dorme alors on décide d’aller au hameau proche de K29 pour se poser. Sur le chemin je trouve ça un peu bêta de passer proche de la balise sans aller la chercher alors on change nos plans. NE JAMAIS FAIRE CA. On bartasse 1h pour abandonner et se pieuter sur un coin de route mal abrité. A 300m de la balise qu’on trouvera au réveil.

On rembarque à K30 pour une deuxième navigation super longue et super soporifique jusqu’à CP5. K31 et K32 permettent d’aller chercher une belle petite rivière La Luzège où Ludo et Romain ont choisi de nager dès l’embarquement. La K34 est vraiment intéressante avec plusieurs choix : faire le tour en bateau, ou passer le col, avec ou sans bateau.

On décide de dégonfler. Il n’y a déjà plus de courant dans la Luzège alors on ne voit pas l’intérêt d’y revenir. Allez dernier bout de navigation sur la Dordogne pour rejoindre AT6 et le canyon. On savait que c’était un canyon à remonter. Je pensais que ce serait l’histoire d’une demi-heure histoire de se prendre une petite cascade dans la figure et basta. Mouhahah c’est bien mal connaître les organisateurs. Arrivés au départ on nous conseille de manger 2/3 barres de céréales, il y en a pour 2h30, il va faire nuit, ça va être dur, froid et mouillé. Bon allez on attaque cette remontée où Sophie nous fait une masterclass de remontée de canyon : sur cordes, dans les ronces, sur les rochers, tout passe quand on la suit à la trace, même avec 15kgs sur le dos et une cheville en forme d’oeuf d’autruche, hein Ludo ? On arrive à l’AT8 en milieu de nuit et on pose un peu de repos. On en a besoin et ça permettra de démarrer le VTT au petit matin, c’est plus facile de jour. En plus il y a un feu et Romain nous fait des grillades de chaussures, elles seront presque sèches au réveil.

C’est parti pour le “petit” VTT du RIF. Mais c’est bon j’ai bien retenu la leçon et je reste hyper concentré sur l’orientation. Bien aidé quand même par les traces des coureurs précédant. K37, K38, K39, K40. Dès que je me déconcentre je fais des mini-erreurs d’orientation, rien n’est pardonné ici. On arrive à AT9 Saint-Cirques-La-Loutre.

Encore un gros morceau en approche, le début de la section se fait à pied jusqu’aux tours de Merle, c’est un peu la partie touristique du RIF. On embarque à “Laval” comme le demande le roadbook. Embarquement mémorable où tout se fait dans la douleur. Moi je dors, Romain et Ludo s’enlèvent une bonne dizaine de tiques. Un faux départ à l’embarquement à cause d’une valve de coussin mal coincée. C’est vraiment “Les gogoles font du raid”. Tout ça sous l’œil des caméras, on se dit qu’on est en train de fabriquer le bêtisier du RIF. Ils en tirent un film qui rend pas mal : bref, ne vous fiez jamais à un monteur vidéo !

K45, puis on doit débarquer. On monte pour contourner le barrage de Hautefage mais on doit dormir. Alors on trouve un petit hameau, on se cale au bord du muret d’une propriété et là c’est le drame (le dernier… presque). La propriétaire arrive et nous demande ce qu’on fait. Je crois que je suis le seul à pouvoir lui répondre, elle nous dit qu’on sera mieux dans le jardin. Oui mais il y a un peu de vent. Bah dans la grange alors ! Banco mais piège ! On s’installe sur la paille. Elle revient 10′ plus tard : “vous serez mieux dans des lits quand même”. “Oh non c’est gentil dans 1h30 on repart il faut qu’on avance”. Mouhahaha en fait on était à bout de force et personne n’a réussi à entendre son réveil, on s’est réveillés avec le chant du coq au petit matin. Bon ben au moins on a bien dormi. Tant pis pour la full race.

On rembarque après K46 pour une rivière qui coule enfin, fin de section très agréable pour rejoindre la Dordogne, CP8 et AT10.

Encore une section qui me faisait peur en fin de raid. Un trek de 41km. Bon avec la nuit qu’on vient de passer ça se passe pas trop mal et on enchaine bien les balises tout le jeudi après-midi. K47, K48, K49, K50, K51, K52, K53. Parfois même on reprend espoir de passer la dernière barrière horaire mais on doit déchanter après K53, Romain marche sur des pieds ensanglantés et ça devient insupportable pour lui. On fait K54 pour l’honneur mais on doit ensuite se résigner à rejoindre l’AT11 au plus court. Cette fois le moral de l’équipe en prend un coup mais pour moi ça va je suis déjà dans le bilan avec l’impression d’avoir vécu une belle aventure. On croise Ronan venu à notre rencontre et ça redonne la pêche à Sophie, trop cool. On arrive finalement en bout de nuit à AT 11, Romain est au bout de sa vie, je ne sais pas comment il a fait avec la douleur qu’il donnait à voir.

Section raccourcie pour nous et nous permettre de passer la ligne tous les 4. On repart avec le Soleil de CP10. On se dit que c’est pour le fun et on décide que c’est Sophie qui va orienter ce petit morceau de VTT ; Ronan lui a redonné de l’énergie, moi j’ai un VTT qui ne roule plus droit. Et puis “c’est facile il suffit de rentrer”. NE JAMAIS SE DIRE CA. Finalement l’orientation sera encore très piégeuse. Mais on arrive à l’arrivée, on a droit à notre douche de Crémant. L’émotion est forte pour moi après 6 jours la tête dans les cartes et je laisse Sophie prendre le micro. Puis il me revient et j’arrive à bafouiller 3 phrases.

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